Quels sont les plus gros mythes au sujet de la création de films ?

Quels sont les plus gros mythes au sujet de la création de films ?

- Loïc Boursin:
Un bon film vous plonge dans l'histoire. Vous croyez tout ce qui se passe à l'écran. Mais ça c'est un mythe. Tout est faux. Eh bien, zut, vous pourriez penser. Bien sûr, les mecs volants ou les dragons qui crachent des flammes n'existent pas. Mais je ne parle pas de ces choses-là. Je parle littéralement de tout le reste. Prêts pour découvrir les stratagèmes utilisés dans les films à petit budget ? Voici quelques exemples tirés de mon propre film sorti en 2015, LOCKSMITHS. 1. Il n'y a rien d'irréel au sujet d'un mec allongé sur le sol, on est d'accord ? Et bien, il y a le directeur de la photographie qui est en train de filmer le plan avec une caméra de 7 kilos attachée au dos, un technicien lumière qui éclaire la moitié du visage du gars, et le maquilleur qu'on ne voit pas à l'image, pour éliminer la sueur qui pourrait arriver sur le visage de l'acteur. Il y a aussi le costumier, qui s'assure que le logo sur sa poitrine n'est pas couvert par le manteau. Il manque aussi à l'image : le réalisateur (moi), l'assistant réalisateur, le second assistant réalisateur, la scripte, le chef décorateur et les producteurs qui se rassemblent autour d'un écran 15 pouces pour s'assurer que le plan leur convient. Ah, et il y a un camion à l'extérieur du bâtiment où un ingénieur du son mixe l'audio à distance, à partir d'un micro qui se trouve juste derrière le directeur de la photographie. 2. Mais vous ne pouvez pas caser tout ça dans une voiture. Le mec doit forcément conduire en vrai ! En fait, il ne conduit pas pour de vrai. Il serait trop dangereux pour un acteur de se concentrer sur sa performance et de conduire dans une rue très fréquentée de Los Angeles. Et aussi, où est-ce qu'on mettrait notre caméra Red (ndt : une marque qui vend des produits de haute qualité (et coûteux) utilisés par les professionnels) ? Comment est-ce qu'on pourrait éclairer le visage de l'acteur pour qu'il soit cohérent avec le reste de l'image ? Et comment on ferait la mise au point ? La voiture qu'on veut filmer est remorquée par une voiture travelling , ainsi que tous les lumières et le matériel de tournage. Je me situe dans une voiture derrière, je regarde la performance de l'acteur à travers un écran et je donne la marche à suivre grâce à un talkie-walkie. 3. C'est un plan large de la pièce, donc vous ne pouvez rien nous cacher ! On pourrait penser que la lumière du soleil qui passe par la fenêtre est suffisante pour éclairer notre scène, mais si vous filmez pendant 10 heures d'affilée, la direction du soleil change tout au long de la journée, modifiant les ombres et l'exposition dans la pièce. Il faut éclairer artificiellement la scène si l'on veut maintenir une certaine constante. Mais il y avait un gros problème. Cette scène se déroule dans le grenier. Non pas parce qu'il fallait que ce soit dans un grenier, mais parce que cette pièce était parfaite ! Nous avons dû mettre deux puissants projecteurs sur un pont ciseaux (ndt : la machine jaune à l'image) pour qu'ils soient à la hauteur de la fenêtre. Deuxièmement, nous avions besoin de rallonges pour récupérer l'énergie d'un générateur dans la rue — situé assez loin pour que son bourdonnement n'interfère pas avec l'enregistrement de la scène. 4. Ce gars ne s'est pas fait taser. Je l'ai bien compris. Mais qu'est-ce qui n'est pas réel dans cette scène aussi ? Ces policiers ne sont pas de vrais flics. La voiture de police n'est pas une vraie non plus — nous avons placé un aimant avec écrit "Sheriff" sur une porte de voiture ordinaire et placé des feux de police que nous avions loués sur le toit de la voiture. Deuxièmement, le Taser est un jouet en caoutchouc. Je détestais ça. Mais quand j'ai projeté le film au cinéma, tout le monde a eu le souffle coupé quand notre gars a été électrocuté. Gardez à l'esprit que rien n'est sorti de ce jouet en caoutchouc. Mais pourquoi tout le monde pensait que la scène était 100% vraie ? Le bruit de taser que nous avons ajouté au montage et la performance de l'acteur ont suffi à convaincre le public. Troisièmement, de l'extérieur de l'écran, j'ai tiré une ficelle que j'avais collée sur la poitrine de l'acteur pour donner l'impression qu'un tir au taser avait bien été effectué. Et l'acteur n'est pas tombé par terre. Ça lui aurait fait mal ! Il a atterri sur un tapis de gym, hors caméra. De plus, chaque son qui n'est pas un dialogue est enregistré après coup. Ce bruit de coup de poing ? On frappe une pastèque. Ce bruit de pas inquiétant ? Un ingénieur du son a enregistré ses propres pas sur du carrelage. Il y a tellement d'autres choses à dire, mais je vais m'arrêter là. J'adore faire des films parce que ça développe la créativité. Même si rien n'est réel, j'ai l'impression que nous les cinéastes, avons la capacité unique de représenter des vérités plus profondes à travers nos hi

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